Cynthia ?

Cynthia est un projet initié par les artistes Patrice Ferrasse et mdlx. Ils ont décidé de s’associer dans le but d’explorer d’autres possibles, d’autres approches des processus de création.

Dans cette optique, en 2009, ils ont réalisé une fiction d’une artiste nommée cynthia dont la production a été exposée en été 2010. >>> voir le premier site de cynthia

 

Cette première expérience a permis de mettre concrètement en œuvre cette volonté d’exploration et de renouvellement, d’en saisir les limites aussi.

A la suite de cette épisode, ils ont éprouvé le besoin de s’affranchir de la fiction et d’incarner véritablement Cynthia. Afin de donner corps à ce projet, ils ont établi une liste de “Cynthia” et décidé de les contacter et de solliciter leur participation. Cette entreprise épistolaire les a menés vers des directions inattendues et imprévisibles.

Cette démarche permet de nouvelles procédures de création et élargit le domaine d’expérimentation. L’esprit de ce travail déborde le champ stricto-sensu de l’art contemporain, les pistes amorcées ici débouchent sur des activités connexes les plus diverses.

 

à propos de cynthia, texte de Patrice Bé

Privacy is dead ?

Ici l’avertissement de Steven Rambam, Private Investigator, à san Diego en 2006 est pris au sérieux et déjoué.

Après un premier essai où Cynthia était dotée d’une identité fictionnelle, les 2 docteurs Frankenstein vont plus loin. Dans leur labo cérébral les fécondations in vitro ont pris la place de la chirurgie.

Multipliant les sources, se livrant à une sorte de « data mining* », ils arrivent non à une entité Cynthia mais une constellation Cynthia : musique, architecture, design, mode, recette de cuisine, un art total d’exister sous une identité plurielle. Mais puisque véritablement « nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil»**, Cynthia, écharpe scintillante, agite les éclairs de ses plis. Il n’existe plus de Cynthia personne privée, individuée prête pour le jeu démocratique, n’existe que le mouvement de ces plis et les connections électriques qu’il suscite.

Ces intersections scintillantes configurent tel un rhizome véritablement deleuzien un projet total dont la matrice a une unité phonétique et symbolique et génère une infinité de syntagmes, une infinité de propositions sémantiques. Cynthia est cette unité, cette marque non encore déposée mais en devenir de l’être.

Ajoutons que l’économie de ce travail est pulsionnelle : réunir, unifier, incarner, clarifier certes mais aussi séparer, diversifier, intellectualiser, s’introduire dans l’obscur.

Privacy is not dead parce que derrière cette matrice se cache des incarnations d’aujourd’hui, des individus Cynthia toutes uniques et toutes différentes auxquelles la matrice confère l’anonymat en convertissant les effets de leurs choix en nécessité économique, la matrice réclame des objets, un marché, du profit. La conclusion est limpide, les connections de la consommation vont se mettre en place et l’ironie du propos est patente.

 

*L’exploration de donnéesNote 1, connue aussi sous l’expression de fouille de données, data mining (« forage de données »), ou encore extraction de connaissances à partir de données, « ECD » en français, « KDD » en anglais, a pour objet l’extraction d’un savoir ou d’une connaissance à partir de grandes quantités de données, par des méthodes automatiques ou semi-automatiques.

**W. Shakespeare – La Tempête

 À propos des pilotes:

Patrice Ferrasse:

Patrice Ferrasse cherche à perturber le sens habituel des choses, à modifier la perception en mêlant les contraires et en bouleversant les hiérarchies, ce qui le porte à explorer les rapports de l’oeuvre d’art et du monde visible, social et concret.

La conception de l’ensemble de ses propositions est souvent fondée sur la primauté des matériaux pour les volumes et de l’espace pour les photos. Chacune de ces productions ayant une propriété constructive décalée qui provoque des simulations/stimulations destinées à troubler les interprétations et perturber certaines connotations.

 

Mdlx / Michel Delacroix

Avec sa production personnelle mdlx se questionne sur les modalités de production, d’apparition et de lecture de ce que l’on appelle communément « oeuvres d’art ». Depuis 2007 il a élargi ce champ de questionnement au milieu de l’art même et à ses institutions par le biais d’un dispositif d’exposition baptisé « chez-robert »